Tu avances et tu ne te retournes pas, c’est ça ? Essaie un peu pour voir, essaie quand ton poing s’écrase sur sa joue, essaie quand tu appuies sur la gâchette, essaie quand tu tombes face contre terre. Essaie, après, de ne pas te retourner. Essaie d’oublier pour ne pas souffrir. Je voudrais bien voir ça. Je voudrais bien te voir en train de renier ton passé, de tirer un trait sur celui que tu étais, sur ces douleurs qui ont façonné l’homme que tu es aujourd’hui. Hé bien, avance, si c’est ce que tu veux… Si tu le peux. Essaie d’avancer quand elle t’appelle, en larmes, essaie donc de partir quand elle hurle ton nom ; essaie, essaie de t’en aller quand elle pleure à tes pieds. Pars. Pars et ferme les yeux, ferme les yeux quand tu cours pour glisser entre les mailles de ta réalité. Ferme les yeux quand tu frappes, quand tu souffres, quand tu aimes. Tu n’es pas fort, tu es lâche. Ferme les yeux, pour ne pas faire face à ce miroir fêlé, aux fragments de ton cœur, échoués sur ta route. Non, ne te retourne pas, tu ne le supporterais pas. Oublie. Oublie, toi qui deviens ton ombre. Oublie, toi qui meurs de trop vivre. Oublie et pars. Fais-le, mais n’espère plus revenir. Fais-le, apprends de tes erreurs. Fais-le, enfuis toi de ce monde – tu n’as pas le courage et tu n’as plus l’honneur. Tu avances et tu ne te retournes pas, c’est ça ? Vas-y. Essaie un peu pour voir.
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