lundi 21 avril 2014

“You and I have seen nothing yet, our journeys have just begun.” (texte perso ©)

    Je pense à elle, elle dans cette robe trop large, ses sandales abîmées. Elle était belle. Tu lui ressembles. Elle ouvrait les mains, et les nuages s’y reposaient. Elle fermait les yeux, elle baissait les paupières, et j’entendais le monde entier battre avec son cœur. Elle m’enrubannait d’amour à travers la solitude de nos jours perdus. Je pense à elle, à ses pieds nus sur les rochers, à ses boucles emmêlées. Je pense à elle, à la confiance et à la liberté. Tu lui ressembles. Elle chantait la Vie. Elle coursait le Temps. Et rien n’avait d’emprise sur sa douce mélancolie. Elle aimait cette peine qui l’emmenait plus loin, toujours plus loin de moi. Et j’acceptais. Elle levait les bras, et le vent l’enlaçait. Je ne pouvais rien faire. Elle se laissait guider. Elle disait que l’avenir importait peu. Qu’elle ne changerait jamais. Et que je lui manquais… Pas autant qu’elle me manquait. Je comprenais. Je la vois encore, nue sur le drap froissé, je l’entends rire aux éclats ; la lune ronde éclairait son visage, les étoiles s’échouaient au creux de ses reins. Tu lui ressembles. Elle savait l’Attente, elle savait l’Angoisse. De ses larmes coulait le soleil rougeoyant de nos longs soirs d’été ; au bout de ses doigts jaillissaient nos rayons d’éternité. Je pense à elle dans sa robe trop large, ses chaussures abîmées, et c’est toi que je vois. Tu te tiens devant moi, tu m’écoutes et tu pleures. N’aie pas peur. Elle m’a appris à être fort, elle m’a montré comment me battre. Elle restait muette, mais son regard pouvait blesser. Elle m’a tout offert, les mains et les paupières, la confiance et le vent, les bras et les désirs. Elle me laissait son corps, de ses lèvres à ses reins. Elle me prêtait son cœur, de son rire à ses larmes… j’aurais dû me douter que lui rendre deviendrait inévitable. Aujourd’hui j’ai les souvenirs, j’ai les couchers de soleil et les longs soirs d’été, j’ai les feux d’artifice au goût d’éternité. Et je ne serai plus jamais seul, puisqu’elle existe en moi. Puisqu’elle est mon maître, et me trace un chemin. Puisque ses aquarelles ont déteint sur mon âme, et puisque sa mémoire apaisera mes nuits. Pourquoi aurais-tu peur ? Tu lui ressembles. Le tissu déchiré, les chevilles écorchées, le monde et son sourire. A imploser de joie, à renverser la Terre, et à crever d’amour. Ce sourire. Ton sourire.

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